Méli Mélo de Lyam

«  Le véritable danger vient de notre incapacité à le discerner chez les autres. Cela peut se révéler fatal. »

Alys s’était enfermé dans la salle de bain. Elle hésitait à en sortir, de peur de croiser Naïm. Son frère était dangereux, elle en prenait conscience seulement maintenant. Mais jusqu’ou pouvait il aller? La question la taraudait mais elle devait avouer qu’elle ne voulait pas le savoir…

Elle tourna le verrou et occulta le couloir, aucune trace de lui. Elle bondît jusqu’à sa chambre pour s’y habiller et entreprît de s’atteler à la rédaction de son précieux roman.

L’ange pourpre lui était venue d’une inspiration subite; une histoire relatant l’amour lesbien d’une secrétaire et de sa rédactrice perverse capable d’écrire des chefs d’œuvres sous le coup d’intense simulations sexuelles.

Le coup de foudre était venu du fait qu’elle était la seule à pouvoir déchiffrer les caractères grossiers de sa maîtresse.

La simple pensée de son succès lui insuffla l’énergie de poursuivre son texte.

*

Elle soupira en enregistrant la trente troisième page qu’elle venait de rédiger. Dehors, le ciel perdait de ses couleurs pour se fondre en un amas de noirceur. Sidérée par sa remarquable progression, elle se laissa aller sur son siège quand la lumière s’éteint brusquement.

Elle ne paniqua pas, cherchant à tâtons la sortie, puis gagnant la sortie, elle se mît à descendre les escaliers.

Une marche ratée, une surface lisse. Son corps dévale les échelons pour se fracasser au sol de tous son poids sur son bras.

Une vive lumière transperça ses pupilles tandis que se dessinaient les contours de Naïm.

- Sale chute! Dit il de manière neutre. Je vais remettre de la lumière!

La lampe de poche mourût aussitôt. Naïm avança et lui marchait sur la main, sa sœur cria aussitôt sous le poids de sa botte qui lui meurtrissait les doigts.

- Tu me marches sur la main! Dit elle en pleurs

Il prît son temps avant d’ôter son pied pour finalement se diriger vers la cuisine.

Incapable de se relever, Alys sentait la douleur lancinante e son avant bras mais plus encore celle insoutenable de sa main.

Elle tentait d’économiser ses mouvements, paniquant au fur et à mesure que les ténèbres s’épaississaient et que Naïm tardait à revenir.

La lumière rejaillit comme un éclair inondant le salon d’une lueur crue. On pouvait voir le corps allongé d’Alys sur la moquette. Elle semblait s’être déboité l’épaule et avoir une cheville foulée; rien d’irréparable.

Naïm surgît avec une part de pizza en main.

- Est-ce que tu peux appeler une ambulance s’il te plaït? Je n’arrive pas à bouger.

- On en reparles dès que j’ai fini cette part. répondît il

Et comme pour la narguer un peu plus, il en grignota un petit bout.

- J’t’en prie! J’ai mal… sanglota-t-elle

Il resta impassible, se régalant de son bout de pain cuit et de la douleur de sa sœur.

- C’est tout ce que je vaux pour toi? Une malheureuse pizza? S’emporta-t-elle

- A qui parles tu Alys? Pas à moi?! Pas sur ce ton?! Dit il surpris, presque offusqué en posant sa botte sur sa main déjà meurtrie. Depuis qu’ils t’ont ramené de cet orphelinat, tu as pris trop de zèle, mais tout ca va changer.

Il décrocha son portable et appela les urgences tout en conservant son pied sur la main de sa sœur.

- Tu m’as volé ma vie, je vais te gâcher la tienne et tu regretteras de ne pas être morte ce soir.

Effectivement, elle allait le regretter…

Jeu 16 oct 2008 Aucun commentaire