Méli Mélo de Lyam

6) Helena

- Vous sortez ensemble? Demanda Théos le plus naturellement que possible

La jeune fille opina. Depuis un coin de la cour, Thomas lui fît un signe de la main.

Théos eût été tenté de demander un peu plus d’informations, mais cela aurait sans doute été indiscret.

- Tu le connais d’où?

- Le fameux barbecue ou tu m’as laissé tomber. Tu sais un de mes amis snobs?

Il grimaça et ne préféra pas insister d’autant plus que Circée l’attendait. Il n’avait pas encore parlé à son amie des expériences qu’il pratiquait en exerçant son don et l’annonce de son nouveau petit ami n’arrangeait en rien l’annonce de cette situation.

*

- J’ai trouvé pas mal de choses sur la langue de sphynge. C’est une forme d’hypnose que produit le son de ta voix. Tes intonations sont modulées et cela résonne comme un chant, une sorte de berceuse qui influe sur le système nerveux.

Théos approuva. Il s’agissait alors plus d’un chant que d’autre chose.

- C’était courant dans la Grèce Antique chez les aèdes et les rhapsodes qui contaient les épiques poèmes de voyages. Je ne voudrais pas trop m’avancer mais tu possèdes un vrai chant de sirènes. J’espère seulement qu’il n’a pas les même effets.

Il préféra ne pas envisager ce que pourrait provoquer son don mal utilisé. Deux personnes en avaient déjà fait les preuves, il espérait que cela n’influerait en rien sur leurs attitudes.

- Je te propose de faire un essai. Je vais me boucher les oreilles et toi tu vas prononcer un texte sans aucune intonation implicite. Je veux simplement que tu parles avec ta voix d’aède.

Il acquiesça et attendît que son professeur ait terminé de se parer avant d’entamer un récit tout simple en employant au maximum sa capacité.

Quand elle réécouta la bande enregistrée, Circée fût émue par la voix du jeune homme. Comme un chœur à lui seul, une voix divine et mélodieuse comme jamais elle n’en avait entendue.

- C’est magnifique. Je ne parviens pas à croire que cela vienne de toi. Est-ce que tu pourrais réciter un poème à la classe de ta propre invention mais dénuée de sous entendus implicite?

- Je ne sais pas, je n’ai jamais essayé de composer.

- Dans ce cas, il va falloir tester tes talents de poètes. Si comme je le crois tu tiens ce pouvoir d’une lignée de rhapsodes grecs ce ne sera pas un problème.

**

Le lendemain en cours de grec ancien, Théos sur les conseils de Circée entreprît de lire son poème à la classe avec sa voix hypnotique.

Au bout du deuxième sonnet, les élèves furent littéralement sous le charme du récit. Plus encore qu’hypnotisés, ils étaient captivés par l’être sublime qui s’offrait à eux.

Brusquement, un léger rire s’éleva du second gradin à gauche. Une jeune fille avait les yeux rivés sur un livre, ses longs cheveux châtains ondulant autour de son front; Elle paraissait complètement absorbé dans son récit ce qui semblait passablement irrité Théos ainsi que la prof.

- Mademoiselle, vous ne paraissez pas intéressé par ce qui se passe… fît elle remarquer

- Excusez moi? Dit elle

Elle daigna lever les yeux de son livre dévoilant ses magnifiques yeux rouges cendrés. A l’intérieur de ses pupilles semblaient brûler une braise incandescente. Théos nota tout de suite son regard.

Etrange, fascinant. Intriguant.

- Qui êtes vous? Je ne vous ai jamais vu dans ce cours.

- Je m’appelles Helena. Je viens d’arriver.

- Bien, daignerez vous avoir un peu de respect pour votre camarade? Exigea Circée

La jeune fille haussa les épaules avant de reprendre la lecture de son roman. L’enseignante soupira et congédia sa classe demandant à s’entretenir avec sa nouvelle arrivante.

- On va déjeuner? Demanda Théos

Mais les pensées de son amie divergeait vers un certain brun qui apparaissait dans sa ligne de vision.

- Désolée, mais j’ai rendez vous.

Puis elle le planta là avant de rejoindre son petit ami. Théos poussa un soupir à peine audible et se retira dans un coin ombragé afin de se consacrer à la lecture.

Une plantureuse silhouette vînt bientôt troubler sa lecture. Helena se tenait devant lui, ses cheveux retombant devant elle en un amas de couleurs ternes. Elle portait une paire de lunettes de soleil qu’elle redressa sur le sommet de son crâne.

- Bonjour, je me rends compte que je n’ai pas été très délicate ce matin. S’excusa-t-elle. Mais c’était pour souligner le fait que personne n’applaudissait. Dit elle presque ironiquement.

- Je m’appelles Théos et je suis certain que tu ne me déranges pas pour te fiches de moi.

- En effet, j’ai remarqué que tu composais assez bien. C’est un peu impersonnel comme travail mais je sais reconnaître la bonne poésie.

- Tiens donc. Je ne sais pas si je suis digne d’être reconnu par quelqu’un tel que toi. Répondît il de manière sarcastique

Helena se mit à sourire. Une ombre traversa la cour, légère, gracieuse elle vînt planer autour d’elle.

Théos sursauta en reconnaissant un aigle. Probablement de ceux qu’il avait aperçu au centre commercial.

L’animal tourna autour de la jeune femme avant de faire un tour par la droite pour revenir vers elle;

- C’est un présage… dit il regrettant aussitôt ses paroles

Helena posa sur lui un regard intéressé.

- Tu t’y connais en signes auguraux?

- Pas vraiment… je… je m’y intéresses comme ça de temps en temps.

Il savait qu’il n’était pas un fin menteur mais comprît tout de suite que cette fille avait quelque chose de particulier quand le rapace vînt se poser sur son épaule.

- Il t’appartient?

- Non, c’est mon père qui s’occupe des oiseaux. Il vient de prendre en charge le refuge et ces bêtes me tournent autour sans arrêt.

L’aigle s’éleva avant de venir se poser sur l’épaule de Théos. Celui-ci plus que surpris se détendît en sentant l’aile de l’oiseau lui caresser le cou. Il savait que si il avait voulu, le bestiau aurait pu lui briser l’omoplate entre ses serres puissantes.

- Je crois qu’il t’aime bien.

- Je crois que je commences a l’apprécier. Confia-t-il en frottant légèrement le crâne de l’oiseau.

Autour d’eux, les étudiants s’étaient arrêtés pour voir le couple s’amuser avec cet énorme volatile. Ce n’est qu’au bout d’un instant qu’ils remarquèrent ces regards intrigués.

- Je devrais appeler mon père pour qu’il passe le chercher.

Une demi heure plus tard, celui-ci vînt les chercher tous les deux.

- Tu peux passer le voir quand tu veux au refuge. Dit Helena tandis que son père replaçait l’aigle dans sa cage.

Théos acquiesça. Il adorerait visiter ce refuge et surtout il aimerait beaucoup passer du temps avec Helena.

Avant de partir, il la retînt une dernière fois.

- Avec la classe de grec, on fait un voyage dans quelques semaines, tu en seras?

Elle fît mine de réfléchir mais ne lui donna pas de réponse , se contentant de le saluer amicalement.

Théos la vît s’en aller agréablement surpris de cette nouvelle rencontre.

Dim 9 nov 2008 Aucun commentaire