Je ne peux pas croire que mes espoirs se fondent ainsi dans
le travail remarquable de ses étudiants. Ou est la passion ? Ou est le suspens ? Ou est l’histoire ?
- Hum elle est juste là monsieur. Fît remarquer un étudiant en désignant un scénario sur la table.
- Je vous donne vingt pour l’ironie ! dît le professeur.
Le trentenaire ramena ses cheveux en arrière transcendé par sa prestation.
- Quand vous jouez un rôle, mettez-y de l’émotion. De la passion, il faut vous approprier le rôle. Vous !
essayez ! dît il en désignant Eron
La jeune fille soupira avant de descendre sur la scène. Elle balaya la salle du regard. Aucune
personne connue, dieu merci. Elle allait pouvoir jouer un rôle, une prestation qui n’en était plus une puisqu’elle était continuelle.
« Le rôle de ma vie » songea t’elle.
- Improvisez ! Epatez nous ! dît le prof enthousiasmé
Eron prît son temps et s’assît sur une chaise. Elle baissa légèremment la tête. La prît ensuite entre
ses mains avant de la libérer, ses yeux bercées de larmes.
- Je n’ai pas voulu y croire quand on me l’a dit. J’ai tout essayé pourtant, prier, supplier. Rien n’a marché. Et
pourtant, je dois me faire une raison. C’est plus fort que tout, même moi je n’aurais pas la force de lutter…
Les larmes débordaient maintenant de ses yeux et son investissement dans le rôle avait captivé les
élèves et surtout le prof. Un immense sourire traversa son visage.
Elle s’assît et s’essuya les yeux d’un revers de manche avant de prendre a nouveau son visage entre
une main.
- Est-ce que je peux continuer comme ça en sachant que demain je ne me réveillerais peut être jamais ? J’ai du
mal à croire que je partirais sans rien laisser derrière moi. Pas même une trace…
Elle poussa un léger rire.
- Et pourtant c’est ce qui va se passer. Je vais m’éteindre lentement. Le monde ne saura jamais qui j’étais, je ne serais plus
rien dès que mon souffle aura cessé de berçer l’air, dès que mes yeux auront perdu leur utilité. Je mourrais seule… dît elle avant de s’effondrer sur le podium.
Les élèves ne purent s’empêcher d’applaudir face à la fabuleuse performance de la jeune fille. Même le
professeur d’art dramatique était épaté du talent dont faisait preuve cette jeune femme. Il lui tendît une main pour l’aider à se relever.
Eron jubilait. Ils y avaient crûs ! Incroyable, les humains étaient encore plus crédules qu’elle
ne l’aurait crue. Comment pouvait-elle ne pas s’amuser ici ?
Elle parcourût les gradins des yeux, savourant sa victoire sur le cœur de cette bande d’abrutis naïfs.
Mais elle resta figée sur un visage. Celui de Peter qui la regardait en secouant la tête comme si il avait été horrifié par ce qu’il avait vu.
Elle ne pût s’empêcher de grimacer ; il ne pouvait pas avoir vu clair dans son jeu. Impossible.
Eron avait déjà réussi à envoyer un bon nombre de psy dans leurs hôpitaux à titre de patients cette fois. Ce jeunot ne pouvait pas l’avoir démasqué. Pas aussi simplement.
**
Kélyn chercha Damian du regard. Il devait sans doute encore être avec son sosie. Ces deux là depuis
qu’ils avaient travaillé sur leur projet de premier cours étaient devenus inséparables. Ils s’entendaient sur presque tout et concevait le cinéma de la même façon ou presque. A se demander si ils
n’étaient pas vraiment frères…
- Tu ne vas pas te montrer jalouse… se dît elle à elle-même
- Mais tu peux passer pour une folle a parler seule ; tu le sais ça ? dît la voix cinglante de
Mandy.
Kélyn recula surprise et trébucha avant de s’applanir sur l’herbe.
- Oh excuse moi, je t’ai fait peur ? dît-elle en se penchant vers elle
- Ca va aller.
- Je suis certaine de t’avoir déjà vue.
- C’est possible, je veux devenir une journaliste. Je dois bien me faire voir.
- Ouais ce doit être ça...
Elle lui tendît la main. Kélyn la prît et se remît sur pied sans pour autant la lâcher.
- Je n’ai pas beaucoup aimé la manière dont tu t’en es prise à ton frère hier. Dît elle
Mandy sourît et lui fît un clin d’œil avant de se dégager rapidement pour lui emprisonner le
poignet.
- Ce sont des histoires de famille. Tu ne comprendrais pas. Dit elle en accentuant la pression. Je ne voudrais pas
être obligé de te faire mal…
Elle la relâcha avant de s’en aller. Damian arriva quelques minutes plus tard.
- Désolé, je suis en retard. Alors quoi d’intéressant ?
- Rien. Dît-elle en se massant l’avant bras.
*
Peter feuilleta rapidement un livre d’histoire de l’art. Il reporta rapidement sur son carnet les
notes acquises avant de tout empocher dans son sac et de se diriger vers le centre d’arts plastiques. En chemin il fût arrêté par Eron.
- Je suis pressé. Dît-il
- J’ai tout mon temps donc on peut parler.
- J’avais crû comprendre que tu te faisais le centre de l’attention pour les autres. Ca renforce ton égo…
dit-il
- Comment tu peux savoir ça ?manqua t’elle de s’emporter
- C’était très bien joué dans l’amphithéâtre. De la comédie à l’état pure, mais je ne suis pas les autres et je
trouve que tu as été malhonnête.
- Quoi ? parce que j’ai joué un rôle ?
- Non ! Parce que tu as simulé la réalité ! Ce n’est pas pareil.
- Tu es malin ! j’aime ça. Et mignon en plus.
Elle voulut lui caresser la joue mais il recula instantanément.
- Je vais être en retard ! dit il avant de s’éclipser.
Eron le regarda partir et sortît son carnet de sa poche. Elle y inscrivît la date et le nom du jeune
homme avant de s’en aller avec un sourire.
**
Damian s’occupa des derniers réglages et commença par faire une rapide prise de vue du paysage, puis
il accentua la luminosité de la caméra et fixa le plan sur le visage de Kélyn.
- Tu sais quoi ? Si on laissait tomber ce documentaire, j’ai en tête d’autres choses qui se font elles aussi
devant la caméra. Fît la jeune fille
Le jeune homme ne pût s’empêcher de sourire. Il laissa tomber l’appareil (pas littéralement) et
s’approcha d’elle pour la prendre par les reins et l’embrasser.
- Ca fait un moment qu’on ne s’est pas vu. Dit elle
- Je sais… Mais avec la thèse du premier semestre qui arrive, je dois bosser dur sur mon film.
Elle opina ; elle-même devait songer à préparer ses examens. Ses pensées convergèrent malgré elle
vers Mandy.
- Tu discutes avec Peter ?
- Souvent. Pourquoi ?
- Il t’a parlé de sa sœur ? L’émo girl un peu barge.
- Pas vraiment. Ils ne s’entendent pas ?
- Elle est méchante, c’est une vraie garce. Tu aurais dû la voir le jour de son arrivée.
Un bruit touffu provenant des buissons mît court à la discussion. Irvine en émergea non content de
gâcher un instant de romance.
- Désolé de vous déranger, mais je voudrais te parler Damian.
- Ok ! soupira Kélyn. On se voie plus tard ? dit-elle en l’embrassant.
Irvine la regarda s’en aller un long moment avant d’entreprendre sa discussion avec son ami.
Celui n’avait pas fait attention à la scène et avait commencé à ranger son matériel.
- Grande nouvelle ; mon père va venir à l’académie.
- Tu plaisantes ? Le grand Whikestler ? ici ?
Le jeune homme approuva. Il se doutait que cela mettrait Damian en transe. Lui, avait de tous autres
desseins…