13) Toutes ces choses que tu m’as faîtes…
- De toute ces choses que tu m’as faîtes, m’abandonner
était la pire.
- Essayes de comprendre. Je n’avais plus ma place ici,
je devais partir.
- Je ne veux plus te faire confiance. Je n’en n’ai pas
la force.
*
- Tu veux bien éteindre ces absurdités ? s’insurgea Ményl
- Steuplaît maman, je regarde juste la fin. J’ai l’impression qu’ils vont se remettre ensemble. Dît
Minerve à sa mère.
- Il l’a abandonné, elle ne reviendra pas vers lui.
- Mais maman ils s’aiment ! affirma la petite fille avec conviction
Ményl sourît. L’amour, un concept complètement révolu. Sa petite fille adorée était
encore trop jeune pour lui briser ses petites illusions ; laissons-la croire que les hommes sont des êtres gentils et attentionnés avant de lui enfoncer le poignard de la vérité dans le
cœur.
- Ok encore dix minutes de bêtises après ça tu vas te doucher puis te coucher !
dît-elle
Elle embrassa sa mère sur le front avant de se replonger dans son feuilleton. Ményl
fît rapidement un tour à l’étage ou elle prépara son lit et ses affaires de toilettes. Ceux de Minerve étaient déjà rangés. Cet enfant avait été sa source de responsabilisation ; elle ne pût
s’empêcher de repenser à Tony.
- Maman ton amoureux est là ? dît Minerve depuis le salon
Ményl descendît en vitesse. La jeune fille était devant la porte debout sur un
tabouret regardant par le judas pour voir si elle apercevait la voix qui lui parlait.
- Qui est ce ? demanda Ményl
- Non !
- Quoi ?
- C’est comme ça qu’il m’a dit qu’il s’appelait.
La jeune femme la fît descendre et regarda à travers l’interstice. Nan était debout
sur le seuil de la porte.
- Chérie, monte prendre ta douche, maman dois parler.
Elle opina avant de rejoindre l’étage. Ményl prît une profonde inspiration puis
ouvrît la porte. Nan le salua mais elle ne le fît pas entrer pour autant.
- Qu’est ce que tu veux ? demanda t’elle
- Tu as une fille charmante.
- A l’image de sa mère. Autre chose ? demanda t’elle sèchement
- On n’a pas vraiment parlé la dernière fois. Ou du moins je ne t’en ai pas dis
suffisamment.
- Tu veux entrer ? dît-elle finalement
Le jeune homme s’assît dans le salon suivi de Ményl. Ils se regardèrent longuement,
ne sachant quoi dire après autant d’années mais plus encore après de tels évènements.
- Tu veux peut être m’expliquer pourquoi tu es parti en me laissant sur un lit d’hôpital ?
s’enquît Ményl
- Tu ne te rappelais plus de moi, et puis je me sentais coupable de ce qui c’était passé.
- Parce que tu connais le sens de ce mot ? s’indigna Ményl. Quand Alfred est mort il me semble
bien que tu ne t’es pas présenté à ses obsèques.
- J’étais là…
- Tu étais revenu ? dît elle légèrement déstabilisée
Nan opina. En effet il était revenu pour les funérailles du majordome mais il n’avait
pas su affronté Ményl. Il était reparti aussitôt que le vieil homme avait été enterré.
- Je vois que tu as bien évolué. Dit il pour éloigner le sujet.
- Nan… je ne suis plus la même. J’ai changé.
- Je l’avais bien vu. Tu es encore plus belle qu’avant. Dît il en se penchant vers elle.
- Il n’y a pas que ça… Toutes ces choses que tu m’as faîte j’en ai tiré une grande leçon. La pire
d’entre elles c’étaient ton départ. Tout ça m’a rendu plus forte. Si tu savais ce dont je suis capable désormais… dit elle en baissant la tête et en passant ses bras autour de sa poitrine.
Nan l’observa stupéfait par le ton douloureux de la jeune femme. Elle n’avait plus
rien à voir avec l’ancienne Ményl. C’était une nouvelle femme qu’il avait en face de lui. Aurait il malgré tout réussi son projet de départ de l’endurcir ? Si oui, il le regrettait.
- Ményl… dît il en passant sa main sur sa joue.
La jeune femme l’écarta tout en la prenant dans ses mains. Elle la caressa un instant
puis la repoussa vers son propriétaire.
- Je n’ai plus rien à te dire Nan, je t’ai attendu depuis trop longtemps. Je regrette.
- Pas moi et je n’abandonne pas Ményl. Dit il en refermant sa main sur la sienne. Je suis revenu
pour que tu sois à moi, il n’en sera pas autrement. Affirma t’il
*
L’eau semblait s’écouler au ralenti sur son corps. La jeune femme frémissait de
sentir ainsi le froid la taquiner. Elle tenta de se rafraîchir le visage avec les résidus d’eau qui perlaient du siphon. Sans grand succès. Elle repensait aux paroles de Nan et à l’effet qu’elles
avaient eu sur lui.
Elle sortît de la salle de bain en peignoir et alla voir sa petite chasseresse.
Celle-ci ne dormait pas encore, feuilletant un livre à la lueur de sa lampe torche.
- Tu dois dormir, c’est l’heure. Dit elle
Elle acquiesça et ferma son livre puis elle se redressa et se pencha vers sa
fille.
- Ton histoire avec Mr Non ca va bien finir pas vrai ? C’est comme à la télé ?
Ményl l’étreignît et lui caressa les cheveux en la rassurant.
- Je voudrais bien que ce soit aussi simple ma chérie.
- Mais ça l’est. Il t’a demandé pardon. Il a dit qu’il ne voulait que toi, c’est comme le policier
à la télé.
- Tu nous espionnais ? demanda sa mère légèrement amusée
- Bah j’ai pas vu la fin du feuilleton et puis c’est bien mieux dans la vie réelle.
- Oui… C’est surtout plus douloureux. Confessa Ményl avant de l’embrasser et d’éteindre la
lumière.
Elle sortît de la pièce, fît quelque pas avant de s’effondrer en larmes devant la
porte de sa chambre.
« C’est surtout plus douloureux… »