3) Trust: Confiance
Ghin se réveilla en sursaut. C'était la troisième fois cette semaine qu'il rêvait de la mort de sa mère. Sans
doute devait-il voir cela comme un présage mais il n'en était rien. Il sentait cette haine mordiller son cœur, plus fort, plus vif. De manière plus intense!
Il s'assît sur son lit et tenta de reprendre contenance quand Hélyce apparût dans le cadre de sa porte
serrant contre elle la peluche que lui avait offert son frère un peu plus de dix ans auparavant.
- J’ai fait un cauchemar Ghin ! Dit-elle
lentement.
Elle vînt s’asseoir à ses côtés et le prît par le bras avant de poser sa tête contre lui.
- Tu ne devrais pas insister... C’est passé
tout ça...
Mais il ne l’écoutait pas, Rimwood devait payer, il ne pouvait pas s’en sortir comme ça ; pas après ce qu’il
avait provoqué dans leurs vies.
- Ghin. Ajouta-t-elle
tendrement
Il se tourna vers elle et perçut la douce pression de ses lèvres contre les siennes. Quand ils se détachèrent, elle
le fixait pesamment le désir se lisant dans ses yeux.
- Nous ne sommes que frères de loi.
Murmura-t-elle avant de plaquer son corps contre le sien l’obligeant à basculer sur le lit.
Elle s’accroupit sur son ventre approchant inexorablement son visage des lèvres désireuses de son frère. Sœur bût ses
baisers ; ses mains longèrent son dos avec une légère douceur. Le jeune homme fît remonter brassière avant de laisser courir ses mains sur ses seins avides des caresses.
Hélyce avait un trop plein d’amour à exprimer et lui en manquait trop. L’un et l’autre cherchant à taire cette
irrésistible attraction.
Il se redressa recueillant ses fesses sur ses hanches pour plonger son visage au creux de ses
seins.
*
Assis sur la terrasse du café estudiantin ou il discutait avec Sandra, Ghin tentait de comprendre ce qui avait pu
se passer la nuit dernière. Depuis quand était né cette attraction entre eux ?
Son regard divagua sur la fille de Rimwood. Cet homme l’exaspérait au plus haut point, il en était venu à le haïr,
construisant sa vie autour du mécanisme fatal qu’il avait conçu pour cet homme qui après toutes ses horreurs passés bénéficiait d’un bonheur parfait.
« Je t’empêcherais d’en jouir longtemps... se promît il »
- Alors cette fille qui est venue
la semaine dernière c’est ta sœur ?
- Elle est sous ma garde depuis le
décès de mon père.
- Cela n’a pas dû être facile pour
vous. Concéda-t-elle ave sincérité
Durant un court instant, Ghin aurait pu éprouver des remords à ce qu’il projetait de faire mais cette légère
intervention de sa conscience fût balayée par le souvenir atroce de la mort de sa mère. Cette image trop fréquente le hantait et bien qu’il fût intelligent, la haine qui obscurcissait son
jugement l’empêchait de voir cela comme un signe éventuel.
- Tu veux en parler ? Dit-elle
en prenant sa main
- Non ! Dit-il en observant la
main posée sur la sienne.
Puis il y réfléchit, le reste de son plan incluait de se servir de Sandra. Mieux valait ne pas trop la
repousser.
- Si tu veux bien, on peut se voir
ce week end.
Elle sourît. Bien sûr quelle acceptait.
*
Ghin se massa la nuque, dans quelques jours, ce serait l’anniversaire de la mort de sa mère et il tenait à ce que
tout soit en place pour cette date. Il prît donc rendez vous avec Judith.
- J’ai encore besoin de toi. Dit
Ghin
- Qu’est ce que tu cherches au
juste ? Je ne peux pas croire que tu espionnes le doyen par plaisir Ghin…
- N’essayes pas de comprendre, fais
ce que je te dis. J’ai besoin que tu l’appâtes dans son bureau demain en fin d’après midi.
- C’est faisable… Ghin !
Réfléchis un peu, s’attaquer à quelqu’un comme Théodore c’est dangereux. Tu auras beau être intelligent, il ne te ratera pas.
Ghin esquissa un sourire, si cette fille croyait qu’après tant de temps, il renoncerait de la sorte.
- Fais ce que je dis Judith et
tu es sûre d’être épargnée.
Elle opina, elle accepterait. Et lui tiendrait parole.
- Tu ne devrais pas faire ça !
dit Hélyce
- Il est trop tard pour reculer,
pas de marche arrière possible.
- Mais si ! oublie tout ça
Ghin, il a refait sa vie, il a oublié. A nous d’en faire autant. Prenons un nouveau
départ.
Mais son frère ne l’écoutait plus. Il était trop ancrée dans sa haine, beaucoup trop.
- Je ne comprends pas à quoi je pourrais te servir… avoua Sandra après que l’adolescent lui eût confié
qu’il comptait l’utiliser.
Il se pencha vers lui et l’embrassa attendant que le narcotique fasse son effet, ce qui ne tarda pas. Hélyce entra
au même moment.
- Quoi ? dit il en croisant son regard froid
- C’est notre baiser que tu lui as donné…
- Hélyce…
- C’est juste que j’aurais voulu savoir si ce qu’on a partagé représente quelque chose pour
toi.
- Hélyce. Dît-il en l’enserrant
Elle plaqua sa tête contre son torse, pas besoin de mot, les battements de sont cœurs lui parlaient
suffisamment.
***
Théodore Rimwood se promenait en sifflotant dans les couloirs de son
établisse
établissement. Ses pas joyeux le menaient naturellement vers son bureau ou Judith lui avait promis un très beau cadeau la veille de Noël.
Il l’avait effectivement trouvé distante ces temps ci mais pourtant cela s’arrangeait. Rien de très inquiétant
dans son attitude, ses études l’absorbaient. C’était compréhensible.
Il entra mais ne vît personne. Peut être l’attendait il sous le bureau. Son endroit préféré.
Avant d’avoir eut le temps de faire toi pas, il s’écroula sur le sol en sentant le chloroforme dans ses nasaux. Sa
dernière image fût celle de Ghin se penchant vers lui.
- Vous êtes réveillé ? demanda t’il sur un ton laconique
Il plissa les yeux afin de distinguer les formes environnantes. Ses sens encore brouillé par la drogue dont il
avait été victime.
- J’ai pensé que vous aimeriez voir celui qui veut votre perte. De toute façon cela n’aura pas
d’importance.
- Ghin ? Que vous arrive-t-il ? Détachez-moi ! dit-il en sentant ses poignets
entravés.
- Je dois avouer que pour un homme rangé, vous avez quelques zones tortueuses dans votre petite vie. Abus
de pouvoir sur votre tendre Judith, trafic d’armes, politique d’abattements en forêt. Il y a de quoi
vous envoyer longuement en prison.
- Mais enfin… qu’est ce qui vous
prend ? Ces choses ne vous concernent pas.
- Parlons d’il ya dix ans voulez
vous ?!
« Mon père a longtemps travaillé pour vous en tant que banquier dans une de vos entreprises boursières. Je
suis certain que cela remonte dans vos souvenirs. Vous avez suggéré à mon père de placer un quota en bourse et il a perdu votre argent. Jusqu’ici rien de compliqué. Dit-il »
Théodore avait depuis longtemps baissé les yeux. Il savait ou Ghin voulait en venir et il ne voulait pas admettre
que ce jeune homme au dossier si prestigieux puisse constituer une de ses erreurs de jeunesse.
- Par pitié ! dit-il. C’est du
passé tout ça…
« Bien sur, si cela vous soulage de penser cela. Il n’empêche que pour vous rembourser, vous avez contraint
non pas mon père mais ma mère à payer en nature la somme engendrée par mon père. »
Ce fût au tour d’Hélyce de baisser les yeux. Elle ne savait que trop bien de quoi son frère parlait. Mais ce qu’il
projetait de faire ne ferait que l’abaisser plus bas que cet homme.
Leur tragique histoire remontait à l’époque ou Ghin était arrivé dans la famille. Il sortait d’un orphelinat
psychiatrique ou il avait été placé après que ses parents l’eurent abandonné.
Ghin adorait leur mère, il ne supportait pas de la voir
pleurer de la sorte spontanément
alors qu’elle était aussi belle quand elle souriait.
- J’ai compris ! Tuez moi
allez y, je le mérite ! dit il en commençant à pleurer.
- Vous tuer ?! Ce serait trop
facile ! Qu’en pensez-vous ? Si je prenais exemple sur vous ? dit il en tirant brusquement Sandra de sous la table.
Celle-ci était nue entièrement ficelé, bâillonné et avaient les yeux embués. Elle n’osait pas croire à cette
situation mais plus encore à ce que son père avait fait.
La façon dont il avait détruit cette famille ; quelqu’un qu’elle aimait autant, capable de telles
atrocités.
- Père ! dit elle légèrement
effrayée.
Mais Rimwood gardait la tête baissée et les yeux fermés.
- Vous devriez voir comme elle
est belle. Dit Ghin avec un sourire dément aux lèvres.
*
Hélyce traversa le couloir en tentant de penser à autre chose, des choses positives. De la vie qu’elle aurait
avec Ghin dès qu’il sortirait de cette pièce. Mais la réalité revînt en même temps que sa décision.
Ses pas glissèrent vers les escaliers. Elle défît les bandeaux qui
maintenaient ses cheveux et les laissa tomber par terre. Plus de vie normale pour elle, pas après ça. Ghin était en train de faire exactement ce qu’il reprochait à Théodore. Il était allé
trop
loin…
« Grand frère ne me fera plus jamais l’amour… dît elle » en se laissant glisser le long de la
rambarde.
Ses cheveux flottèrent au soleil, ondulant sous la plane pression du vent. On aurait dit un ange fondant vers
la mort…
Ghin observait le corps de Sandra se déhancher sur le sien. Il baisait une superbe femme t pourtant il n’en
éprouvait aucun plaisir. Son regard remonta le long du visage de celle-ci pour y découvrir une image d’Hélyce.
Il sourît.
« Il est temps de prendre un nouveau départ… Hélyce et moi allons tout recommencer mais pas comme frère et
sœur… pensa t’il »
Si seulement il avait su…